Lorsqu’on parle de « forêt », de quoi parle t-on ? Quel est le rôle de la forêt ? A quoi ressemble les forêts de nos territoires ?
Une forêt, c’est avant tout des arbres. Plusieurs arbres. Ensemble, ils forment une forêt. Mais un groupe de plusieurs arbres ne forment pas inévitablement une forêt. Par exemple : un groupe de châtaigniers qui sont récoltés pour leurs fruits… ne forme pas une forêt… mais un verger ! D’où la différence entre agriculture (culture du sol pour l’alimentation) et sylviculture (culture du sol pour le bois).
Une forêt peut être « naturelle », ou « artificielle » (plantation).
Sur les deux Chartes forestières il s’agit majoritairement d’une « forêt récente », c’est-à-dire “installée après le milieu du XIXe siècle, à partir d’un sol non forestier” (cf. Parc national des Cévennes, 2017). Auparavant, ces territoires (Causses, Cévennes, Garrigues) était essentiellement agraire. L’agriculture a profondément travaillé ces espaces, les Cévennes ont d’ailleurs reçu pour cela le label de « patrimoine mondial UNESCO » au titre de l’agropastoralisme. Les défrichements furent ainsi nombreux. A tel point que des reboisements ont été nécessaires afin de lutter contre l’érosion des sols (politique de Restauration de Terrain de Montagne (RTM) fin du 19e s.). Avec l’exode rural, la déprise agricole a suivi, l’abandon du travail des terres a eu pour conséquence l’installation grandissante de la forêt. La réglementation nationale sur le défrichement a contribué à cela également. En 1946, le Fonds Forestier National (FFN) a été créé pour devenir pendant plus de 50 ans le principal outil financier de la politique forestière nationale pour le boisement et reboisement (plantations notamment de cèdre, pin noir d’Autriche, pin laricio de Corse, douglas). Enfin, l’industrie minière, ayant introduit le pin maritime (essence dite “pionnière”) pour ses besoins d’étaiement des galeries, a participé aussi à cette nouvelle occupation forestière des sols.
Une forêt, est un « écosystème » à part entière. « L’écosystème représente l’unité de base de l’environnement. Il est constitué par un ensemble d’animaux, de plantes, de champignons et de micro-organismes interagissant les uns avec les autres et avec leur milieu (sol, air, climat, etc.). Une forêt, une falaise, une lande, une plage, un récif corallien, une mangrove… sont autant d’écosystèmes. Les écosystèmes ne sont pas isolés les uns des autres. L’ensemble des écosystèmes de la planète forme la biosphère » (Source : Dictionnaire Larousse).
Il n’existe pas de définition juridique de la forêt. Ce qui prime, c’est la réalité des arbres présents. Par exemple, ce n’est pas parce qu’une parcelle forestière n’est pas inscrite dans la catégorie « bois » au cadastre… que ce n’est pas une forêt…
Pour l’Institut Géographique National (IGN) qui est missionné par l’Etat pour tenir l’Inventaire Forestier National en France, une forêt c’est :
Une surface d’au moins 5000 m²
D’au moins 20 m de large
Avec des arbres sur plus de 10% de la surface
Et ces arbres atteignant au moins 5 m à maturité
A vos mètres ??
La forêt a plusieurs rôles, elle remplit plusieurs fonctions : dans le « jargon » des forestiers, on parle de la « multifonctionnalité » de la forêt.
La forêt a un rôle :
face au changement climatique, car la forêt est un espace particulièrement important de séquestration de carbone (« 1er puit de carbone terrestre »), qui aide à la lutte contre les gaz à effet de serre, et elle joue aussi un rôle important dans la régulation du climat
économique, grâce au bois, permettant de créer et maintenir des emplois non délocalisables, de créer un matériau ou une énergie de substitution adaptés au défi du changement climatique, ou grâce à d’autres produits issus de la forêt (Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales, apiculture, sylviculture truffière, etc.)
pour la biodiversité : la forêt est un habitat pour nombre « d’animaux, de plantes, de champignons, et de micro-organismes ». C’est un « écosystème » à part entière
pour la maîtrise de certains risques comme l’érosion des sols, accentué régulièrement par les épisodes cévenols, dont les impacts représentent des coûts élevés (la politique Restauration Terrain de Montagne (RTM) avait été menée dans ce sens)
pour la régulation des masses d’eau et la garantie pour les administrés d’une protection des eaux pour la potabilité
pour le tourisme, la chasse et le cadre de vie
La forêt est donc tout à la fois :
un lieu vital pour l’atmosphère, le climat, l’écosystème, la faune, la flore, qu’elle abrite
un lieu vivant pour les forestiers, les habitants, les agriculteurs, les chasseurs, les promeneurs, les visiteurs, etc.
un lieu créateur de richesses économiques et créateur d’emplois
La forêt du Sud de la Lozère est une forêt composée d’essences d’arbres et de peuplements divers : feuillus (châtaigniers, hêtre) et résineux (pins divers comme le pin sylvestre, le pin noir ou le pin maritime, Douglas, Sapins et épicéas, mélèze, etc.).
La forêt est à 21% publique et 79% privée.
La forêt occupe environ 64% du Pays des Cévennes,soit environ les 2/3 de ce territoire (81 300 ha de surface forestière).
2 massifs forestiers composent la forêt du Pays : les Garrigues et les Cévennes.
Les 4 essences majoritaires sont : le chêne vert, le pin maritime, le chêne pubescent et le châtaignier.
De manière générale, la forêt du Pays Cévennes est majoritairement de propriété privée (à 79%). On compte environ 15 500 propriétaires forestiers, qui ont, en moyenne, environ 4 ha de forêts. La propriété forestière privée est donc très morcelée. Afin de mutualiser la gestion forestière, notamment entre les nombreux « petits » propriétaires forestiers, il existe quelques regroupements de propriétaires comme les 2 Associations Syndicales Libres de Gestion Forestière (ASLGF) (au Chambon et au Martinet) et 4 groupements forestiers.
Il y a 5 forêts domaniales (propriété de l’Etat). 4 d’entre elles (celles de l’Homol, de Malmontet, des Gardons, et du Mas de l’Ayre) ont été créée pour lutter contre l’érosion des sols et l’une d’elle (celle du Rouvergue) pour restaurer d’anciens terrains miniers. Le Département du Gard est propriétaire d’une forêt d’environ 2 800 ha sur la commune de Méjannes-le-Clap. 32 communes sont propriétaires de forêts soumises au régime forestier.
Cette forêt est le résultat de dynamiques naturelles, actuelles et anciennes, et des activités humaines.
Et les Garrigues… sont bien de la forêt ! Qui est un peu particulière, il s’agit de la « forêt méditerranéenne ». Les arbres y sont globalement plus bas et les essences ont le point commun d’être résistantes à la sécheresse.
Synthèse de la forêt du Pays Cévennes