Un terril en feu dans la pinède !
Syndicat des Forestiers Privés du Gard
Parti du bord de la D184 à la limite du Gard et de l‘Ardèche au nord de Bessèges, poussé par de fortes rafales de vent vers l’ouest et le sud, depuis plusieurs heures le feu fait rage sur le territoire de Bordezac en ce 7 juillet 2022. Dès la fin d’après–midi, il menace les habitations de Bordezac, dont les habitants sont évacués, tout en se dirigeant vers celles de Gagnières et Bessèges. Les importants moyens aériens et les hommes au sol, venus en renfort de tout le département et bien au–delà, contiennent les flammes tant bien que mal et au petit matin en viennent finalement à bout.
Aucune perte humaine et matérielle, mais d'autres conséquences...
La population est traumatisée mais aucune perte n’est à déplorée, ni humaine, ni matérielle grave (maison), quoique certaines habitations, non débroussaillées, ont eu vraiment chaud !
Par contre plus de 600 ha de forêts ont été parcourus par le feu : essentiellement des futaies, perchis et gaulis de pin maritime mais aussi des peuplements de pin de Salzmann et des bouquets de châtaignier, chêne, robinier…
Le constat est unanime : sans l’efficacité des soldats du feu, le sinistre aurait pu être bien pire !
Pourtant… sournoisement une menace invisible progresse lentement : les racines d’un arbre sec ont propagé le feu jusqu’au cœur du terril du Malagra… Alertés par les fumerolles s’échappant du sol, les pompiers de Bessèges sont impuissants à maîtriser le brasier souterrain la température y dépassant les 200°.
Pendant un moment le défournage du terril est envisagé mais comment y faire accéder les énormes engins nécessaires à cette opération et surtout où prendre les milliers de m3 d’eau indispensables à la sécurité de l’intervention. Un périmètre de sécurité est alors installé autour du terril dont la surveillance est quasi journalière par les pompiers et le propriétaire du terril. Les pins et robiniers (acacias), qui avaient colonisé le terril au fil du temps, tombent les uns après les autres leurs racines étant entièrement consumées par le brasier souterrain. Les derniers tombent au cours des premiers jours d’octobre. Dès lors, les fumerolles s’estompent peu à peu et la température décroit lentement. Il faut dire qu’il pleut copieusement en cet automne 2022.
Dès la mi–novembre, les fumerolles ont totalement disparu et la température, prise à la caméra thermique, n’est plus que de 80°. Elle ne cesse de décroître et fin décembre, les pompiers et le propriétaire constatent qu’elle est redevenue normale. Il faudra cependant attendre que l’été 2023 passe pour être totalement certain que le brasier souterrain est définitivement éteint.
Plus de peur que de mal pourrait–on presque dire mais quand on sait que des centaines de terrils, plus ou moins riches en résidus de charbon, dorment sous les pinèdes cévenoles du bassin houiller éponyme et qu’ils sont autant de bombes à retardement, ne serait–il pas temps d’avoir une vraie réflexion à leur sujet ? En termes de protection civile bien entendu (et cela est probablement fait par les services de la DREAL et de la Préfecture) mais aussi en terme sylvicole afin d’adapter à ce péril sournois la forêt qui fatalement couvre les terrils, la nature ayant horreur du vide.